lundi 17 août 2009

En revenant sur le Zentrum Klee

J'avais interrompu l'écriture pendant quelques jours où j'ai glandé, lu, un peu étudié, vu des films, bu du thé chez Abdé. Et je recommence là où j'avais dit que je n'exprimerais rien sur le Zentrum Paul Klee. En effet cela a été une expérience réellement importante que je ne peux destiner à l'oubli. Ce mois de juillet est né pour moi sous le bon astre du Bauhaus: le 9 j'ai fait un long voyage dans les salles du Centre Pompidou occupées par des dizaines de toiles qui mettaient en scène l'évolution artistique de Wassily Kandinskij, toujours cohérent avec ses principes; le 29 j'étais au Zentrum Klee de Berne, une expérience que l'on pourrait définir mystique; dans un prolongement exceptionnel du mois, le 1er août j'ai été au Bauhaus-Archiv et au Martin-Gropius- Bau, où j'ai parcouru toute l'histoire de la renommée école de design et architecture de la République de Weimer et visité l'exposition « Le Corbusier: Kunst und Architektur », qui m'a fait comprendre et accepter la verve constructive de l'architecte suisse.
Je me suis réveillé de bonne heure pour que j'arrive au Zentrum après avoir goûté l'air alpin de Berne le long d'une traversée de la ville et à travers le Rosengarten, un jardin où des centaines de types de rose colorient le vert sombre de l'herbe suisse. De loin, le Zentrum est déjà une promesse. Je suis allé vers l'entrée et j'ai marché sur l'herbe humide pour m'approcher de la structure métallique, des pans de verre. J'ai monté le "Luft-Station" [station aérienne], j'ai visité la tombe de Klee même si je ne suis pas passionné par les cimetières, et j'ai donc poursuivi ma brève balade derrière le Zentrum le long du "Feld-Rhytmen", qui entoure un champ de tournesols et le musée. L'herbe du parc des sculptures je l'ai pesté avec mes pieds nus, m'en fichant ainsi du panneau « Verboten ». Elle était trempée par la rosée et une excitation spirituelle montait dans mon corps: je devais l'accueillir avant de rencontrer Klee à nouveau. C'était la nature verte et vivante de la Suisse si bien en harmonie avec les structures modernes du Zentrum et du quartier qui est derrière lui, c'était la douceur de l'esprit que Renzo Piano a accueilli dans ses vagues. Pause café - une nécessité avant toute visite d'une exposition. Et là-bas je ne pouvais percevoir un besoin plus parfait! car le café était délicieux, à l'italienne, fort et plein d'arômes, et dans une tasse magnifique! J'en ai fait un dessin maladroit dans mon journal de voyage en papier, et je me suis ainsi senti prêt pour commencer à parcourir l'influence de l'esthétique orientale pour l'art picturale de Paul Klee. « Le tapis des souvenirs » ou bien « Teppich der Erinnerung ».

A l'entrée de l'expo, des anciens tapis et un châle de guérisseur, « The grammar of ornement » de Owen Jones et des pots persans, des pages du Coran ou de petits exemples d'art calligraphique témoignaient de manière icastique comment Paul Klee avait puisé des motifs, s'inspirait souvent de la décoration orientale. Il l'a rendue un élément de son style. Ou bien, je pense qu'il a observé et cet art est devenu spontanément une source graphique et un modèle pour sa palette de coloris. Si Klee disait que la Nature devient une Nature nouvelle dans l'œuvre d'art, il a transformé la décoration orientale dans une nouvelle décoration, qui ressemble partiellement à la première mais dont l'esprit, le sens, les valeurs sont neuves et différentes. Ce sont les valeurs de l'art de Klee véhiculées par les formes de l'Égypte arabe et musulmane.

Poursuivant l'exposition on trouve des photos et des gouaches faites par Klee, Moillet, Macke pendant leur voyage en Tunisie au 1914 et celles de Klee en Égypte. Puis – c'est évident – nombreux tableaux de Paul Klee, et une section kitsch – malheureusement c'est évident – qui « enquête » sur la passion pour l'exotisme entre la fin du XIXe siècle et les années 40-50, grosso modo la période que Klee passa en peignant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire