dimanche 9 août 2009

Bergamo-Oulx

De temps en temps je rentre à Bergame, ma ville natale. Cela deviendra de plus en plus rare, car j'ai envie de connaître le monde, de le voir et toucher, de faire expérience de réalités plus ou moins différentes de celle où j'ai grandi.
Pourtant, à chaque fois que je rentre, je suis bien heureux de passer dans les rues que je connais par cœur, j'aime et au même temps je déteste qu'à partir des premières heures dès mon arrivée je commence à rencontrer des personnes que je connais et que, quand je suis à Bergame, je rencontre toujours. J'aime observer Città Alta au coucher, le Canto Alto au matin, la plaine avec ses Appénins sur le fond. Mon esprit est ainsi pétillant et je rassemble mes amis pour des sorties ou des dîners, pour qu'ils s'émerveillent de se rencontrer ...

Le 14 juillet, tandis que tous les français savaient bien que c'est un jour de vacances, je partais pour l'Italie et pour accomplir une mission: m'acheter un bon vélo. Et ainsi j'ai fait. En deux jours je suis allé à droit et à gauche pour voir la plupart des vendeurs de vélos autour de la ville, et je suis devenu le meilleur ami d'une Cinelli.
Tout de suite nous sommes allés faire des tours - pas de grands voyages! uuuuf, je ne suis pas entrainé, même si Cine m'aidait pas mal on ne pouvait pas aller trop loin.
Mais une semaine m'a suffi pour gagner assez de folie et de courage et pour décider définitivement que je serais rentré à vélo. Certes, je n'aurais pas pédalé de Bergame jusqu'à Grenoble - ce qui était ma première idée, que je n'ai pas accomplie car j'avais ma tente et mon sac de couchage de l'autre côté...

Quand même: Pradalunga-Bergame à vélo, à 7h du matin et avec 16kg sur les épaules; Bergame-Milan en train; idem entre Milan-Turin et Turin-Oulx. Oulx est un petit village de montagne, dans la vallée de Suse, vers 1200m. Là, je suis descendu du train et j'ai commencé à fixer le sac à dos sur le port-bagages. Certes, malheureusement j'avais laissé tombé deux élastiques juste avant de descendre...et certes, à 13h30 il y a tous les magasins ouverts à Oulx.
Je ne pouvais pas attendre, j'ai donc pris un seul élastique, résistant, un de ceux pour les voitures, et j'ai lié mon sac-à-dos: parfait, il ne bougeait pas...ben, il faisait 16kg et dépassait largement des deux côtés du vélo...disons qu'il rendait un peu plus difficile l'équilibre, surtout à la descente.

La Vallée de Suse est magnifique: rochers et rochers abrupts de tous les côtés, une route intaillée sur les bords du Mongenèvre, dénivelé moyen du 6-7%. Entièrement ensoleillée, à 14h elle était brulante, et je n'attendais qu'à rejoindre les tunnels où je pouvais respirer. Si ce n'était que le soleil, tant pis: je l'avais prévu. Le problème était le vent qui le long de tout le chemin descendait du col, donc m'empêchait vivement de monter et a failli parfois me faire tomber du vélo! Mais bon, à la petite ville de Mongenèvre je suis arrivé sans trop de fatigue, à peu près une heure et demi après le départ.

Donc la descente rapide, pleine de virages dans un bois qui s'ouvre impromptu sur une vue du briançonnais.

Donc, parti à 1200m j'étais passé par Mongenèvre, 1850m, et descendu à Briançon, vers 1200m à nouveau. Ce qui m'attendait était une longue montée jusqu'aux 2058m du Col du Lautaret. Une très longue montée: 27,7km avec une moyenne du 3,1%, dont les derniers 12km ont une moyenne du 5-6%. Ce chiffres n'épouvantent personne, mais quand on n'est pas très entraîné, qu'on a un gros bagage et il y a un putain de vent qui souffle sans arrêt en direction opposée, je promets que ce n'est pas si facile que ça! Mais bon, le Col je l'ai rattrapé m'encourageant avec des cris contre le vent et la jambe droite qui ne voulait plus pousser - putain de sciatique!
Il ne me restait donc qu'une charmante descente de 80km vers Vizille et une quinzaine de km sur la plaine de Grenoble...et il était presque 7h du soir... Jusqu'à Bourg d'Oisans il y avait de la lumière et je pouvait distraire mes jambes en leur montrant les chutes, l'eau du fleuve, les rochers sauvages.
Puis: la nuit. Et ses fantômes, alimentés par la fatigue, la faim et l'envie d'arriver à la maison.

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